Page:Les œuvres libres - volume 42, 1924.djvu/160

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Luba. — C’était seulement l’affection qu’une sœur peut éprouver pour un frère.

Starkovsky. — Vous êtes sûre ?

Luba. — Je l’ai bien senti quand j’ai véritablement aimé…

Starkovsky. — Luba !

Luba. — J’aime ! J’aime ! L’amour seul existe ! Boris, j’ai pitié de son malheur ; mais je ne songe même pas que je suis coupable envers lui. Mon père, je ne veux point suivre sa discipline. Je veux aimer Oui ! Je vous aime !

Starkovsky, la serrant dans ses bras. — Je t’adore.

Luba. — Oui ! Tiens-moi, serre-moi ! C’est le soir où tu m’as prise ainsi dans tes bras que j’ai senti que je t’aimais et que jamais je n’avais aimé.

Starkovsky. — Ma chérie ! Ma chérie !

Luba. — Assez ! Assez ! Je vous en prie… Il faut nous occuper du cotillon… Voici des invités qui arrivent.

Starkovsky. — Mais non ! il ne vient personne ! Luba ! Je t’adore. (Il l’étreint et baise ses lèvres.)

Vania, entrant. — Attention ! Attention !

Luba. — Oh ! Vania !

Vania. — Il est heureux que ce soit moi qui vous ai vus.

Luba. — Mais nous n’avons nulle raison de cacher… Nous sommes fiancés.

Starkovsky. — Ma chérie !

Vania. — C’est égal ! Si papa vous avait aperçus ainsi…

Luba. — Oh ! Il ne vient jamais dans les salons. Il reste toujours enfermé dans sa chambre.

Vania. — Pas ce soir !

Starkovsky. — Comment ?

Vania. — Il vient de faire son entrée avec l’un de ses amis, un monsieur très bien. C’est pourquoi je suis venu vous prévenir.

Luba. — Tu as bien fait. (À Starkovsky.) Vous feriez peut-être mieux d’aller dans la salle du buffet.