monde ? Et, même si je dois augmenter encore sa haine, j’irai plus loin. Je veux vous faire une existence glorieuse, ma chère aimée. Je veux que toutes les femmes vous portent envie, comme tous les hommes seront jaloux de mon bonheur.
Luba. — C’est très gentil…
Starkovsky. — Oh ! vous vous moquez de moi ! Ça vous déplaît ?
Luba. — Non ! Franchement ! Ça ne me déplaît pas !
Starkovsky. — Vous êtes sincère ?
Luba. — Je ne mens jamais. Je rougis un peu d’envisager avec plaisir les satisfactions de luxe et d’amour-propre que vous me promettez.
Starkovsky. — Pourquoi rougir ? C’est la vie.
Luba. — Oui ! J’ai le désir de vivre !
Starkovsky. — Rien n’est plus légitime.
Luba. — J’aime profondément mon père. Je l’admire. Mais, si je l’écoutais, mon existence serait semblable à la mort. Je ne peux pas. Je ne veux pas.
Starkovsky. — Et votre père vous reproche… ?
Luba. — Oh ! Non ! Vous ne le connaissez pas. Il ne me blâme jamais. Il souffre.
Starkovsky. — Il est demeuré très attaché, n’est-ce pas, au prince Boris ?
Luba. — Oui ! Oui ! Il va le voir à l’hôpital. Depuis six mois, il n’a pas manqué un jour de visite…
Starkovsky. — Excusez-moi. Ce que je vais vous demander est très délicat. Vous ne me répondrez pas si vous jugez que je suis indiscret…
Luba. — Je vous répondrai…
Starkovsky. — Boris n’a-t-il pas été ?… Enfin n’y a-t-il pas eu entre vous et lui un projet de mariage ?
Luba. — C’est vrai.
Starkovsky. — Et… vous l’avez aimé ?
Luba. — J’ai cru l’aimer.
Starkovsky. — Parler !