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Pierre. — Ce n’est que trop vrai !

La Paysanne. — Allons ! Allons ! Elle en a déjà, une poupée. Viens, toi.

(Elle sort avec Pierre.) (Quand ils sont sortis, Groucha va chercher dans un coin une petite poupée, très vulgaire. Elle rapproche du poêle pour la réchauffer. Ensuite elle la berce en chantonnant.)

Alexandre, entrant avec Nicolas. — Il fait froid dehors. Mon ami est gelé, hein ?

Nicolas. — Oui… Il fait froid.

Groucha. — Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?

Alexandre. — Tu ne me reconnais pas ? Je suis l’ami de ton grand-père.

Groucha. — Ah oui ! Je crois que je t’ai déjà vu. Mais lui je ne le connais pas !

Alexandre. — Tu ne le connais pas ? Tu l’as peut-être vu plus souvent que moi cependant. Et le grand-père n’est pas là ?

Groucha. — Il n’est plus là ! Il est mort.

Alexandre. — Ah ! Le pauvre vieux… Il appelait toujours la délivrance. Elle est venue. Tu n’as rien à nous donner pour nous réchauffer ?

Groucha. — Approchez-vous du poêle…

Alexandre. — Mais mon ami boirait bien quelque chose de chaud.

Groucha. — Mais je n’ai rien.

Nicolas. — Je n’ai besoin de rien.

Alexandre. — Reste près du poêle. Je vais essayer de trouver quelque chose dans le village.

Nicolas. — Je n’ai besoin de rien.

Alexandre. — Laisse donc. (Il sort.)

Groucha. — Tu as l’air bien fatigué, tu viens de loin, grand-père ?

Nicolas. — Oui… De loin.

Groucha. — Et tu es venu à pied, dans la neige. Tu n’as donc pas d’argent pour prendre le chemin de fer ?

Nicolas. — Non ! Je n’ai pas d’argent.

Groucha. — Tu es si malheureux !