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Page:Les œuvres libres - volume 42, 1924.djvu/175

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Le Sucrier Empire

Nouvelle inédite
par
André Dahl[1]

J’aime Jeanne. Non pas d’un de ces amours terribles qui vous frappent comme la foudre, vous enrhument du cerveau sous un balcon et vous font écraser, plein de rêves et de distraction, par les taxis. Non ! D’un amour plus moderne, fait à la mesure de nos petites âmes, tranquille, résigné, d’un amour parisien qui sait attendre. Pour risquer une comparaison qui ait quelque chance d’être comprise de nos jours, mon amour n’est pas un torpédo-sport 40 HP. ; c’est un cycle-car deux places qui va moins vite, mais qui sait exactement où il veut aller…

Je dois avouer, en examinant les choses, que mon amour-cycle-car marche assez bien. Depuis le mois d’août, où il a commencé à rouler sur la plage de Dinard jusqu’en novembre, où nous sommes, il a même fait du chemin. Jeanne sait que je l’aime. Elle le sait par des pressions de mains, des regards langoureux que j’ai étudiés longuement devant ma glace et mille attentions

  1. Copyright by, André Dahl. 1924. Tous droits de traduction, adaptation, reproduction et représentation réservée pour tous pays, y compris la Russie.