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Page:Les œuvres libres - volume 42, 1924.djvu/182

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LE SUCRIER EMPIRE

— Ah ! C’est gentil !

— Oui, en mangeant du homard…

— Cruelle ! Dites-moi… Allo ! Allo ! Avez-vous réfléchi ?

— Oui. Vous êtes un grand fou… Pourquoi ne pas rester bons amis ?

— Mais, nous resterons bons amis, après…

— Écoutez. Peut-être… Allo ! Quinze bouteilles de rouge pour la cuisine, huit de blanc, deux kilos de sel gros, une bouteille de porto et de la cire à parquet…

J’ai compris que quelqu’un venait d’entrer et j’ai répondu :

— Bien, madame, nous vous livrerons tout cette nuit avec une douzaine de gros baisers et une boîte de caresses assorties.




Je n’avais pas revu Jeanne depuis l’aveu. Je l’ai guettée à sa sortie de chez elle, j’ai fait le tour en courant par deux petits rues, et j’ai eu l’air de la rencontrer tout naturellement en venant de lui rendre visite.

— Voilà l’épicier, m’a-t-elle dit en souriant, l’épicier à qui j’avais fait une si importante commande. Vous avez compris, mon grand ami, que ma lingère était entrée dans le salon d’où je téléphonais ?

— Votre grand ami a tout compris, ai-je répondu avec quelque amertume, car, quand une femme qui vous appelait « mon ami », vous appelle « mon grand ami », cela ne prouve pas que vous soyez un peu entré dans son cœur.

Et j’ai ajouté avec un accent de supplication sincère, qui m’a soudain fait regretter de ne pas avoir fait du théâtre, ou du moins du phonographe :

— Jeanne, je vous désire d’un désir fou ! Vous