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Les Mémoires

d’un Immortel[1]

Roman inédit
par
André Couvreur

CHAPITRE PREMIER


Mon ami, le professeur Tornada, acheva, de m’ausculter et me dit :

— Tu peux te rhabiller. Je viens de t’examiner des pieds à la tête ; il n’est pas une région de ton anatomie que je n’aie palpée, percutée, mensurée, et même radiographiée : tu te portes comme la bêtise humaine, laquelle, prétendait Renan, est la seule à donner une idée congrue de la résistance infinie. C’est même extraordinaire qu’à cinquante ans révolus, tu sois un tel défi à la vétusté. Tu enterreras tous les minus habens qui vont vraisemblablement t’élire à l’Académie dans trois jours. Rhabille-toi.

On a toujours quelque hésitation à accepter comme parole d’évangile le diagnostic d’un camarade de jeunesse, fût-il devenu ce qu’on est convenu d’appeler un prince de la science, eût-il acquis une réputation mondiale. On n’oublie pas qu’il se montra souvent, devant vous, sujet à l’erreur et coutumier de la plaisanterie. On se demande aussi, s’il ne cache pas

  1. Copyright by, André Couvreur, 1924. Tous droits de traduction, adaptation, reproduction et représentation réservés pour tous pays, y compris la Russie.