Et l’assaut commença. De prisonnière, elle devint assiégée. Les poings lourds sonnaient sur le chêne, et les ruades. Puis des silences, et les coups de repleuvoir dans un tonnerre suivi de nouveaux répits.
C’étaient des colloques à voix basse avec des soudains éclats, des colloques aussi terribles que le bruit de l’assaut, car en pouvait surgir l’idée infernale, l’horrible victoire subtile des assassins. Denise tournait dans sa chambre, affolée.
Elle fit tomber du coude sur la commode l’attirail sonore des bandits.
Ah ! s’ils avaient eu avec eux leurs bonnes pinces et leur croc ! et n’importe quel outil. Mais non, ils avaient tout laissé à cette péronnelle. Maison de malheur qui tenait en échec l’effort de trois hommes robustes. Et dire qu’on n’avait découvert qu’un louchet, qu’on n’avait mis la main sur aucun des bons outils des fermes. Ah ! malédiction ! Ah ! chienne ! Elle les entendait s’insulter, se maudire, se narguer, se reprocher leur faute, et l’insulter aussi, elle, d’outrages précis à son sexe, qui faisaient monter des flammes à ses joues vierges.
Elle était baignée de sueur, comme d’une longue fuite éperdue.
Et de nouveaux outrages la flagellaient de leurs sextuples lanières, la brûlaient sur tout le corps, broyaient ses yeux de honte sous ses mains crispées.
Elle se signait, elle invoquait Notre-Dame. Elle restait debout, l’héroïque pucelle, ferme dans sa défense immobile.
Des espoirs qu’elle avait étaient si douloureusement détruits ! Les assiégeants descendaient. Partaient-ils ? Fuyaient-ils le jour qui pointait aux carreaux ? Non. Ils remontaient par l’étroit escalier la loge du chien dont ils frappaient, han ! comme d’un bélier, han ! han ! han ! la paroi loyale. Ils frappaient chaque coup sur son cœur. Mais la porte tenait bon, la place sur l’étroit palier manquait aux Chauffeurs pour réunir leurs efforts. Les gonds étaient à peine ébranlés.