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Page:Les œuvres libres - volume 42, 1924.djvu/69

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LA DENT D’HERCULE PETITGRIS

retira vivement son pardessus, s’agenouilla, et la soigna avec une angoisse qui lui étreignait la gorge et rendait presque inintelligibles les questions qu’il lui posait comme si elle avait pu entendre.

— C’est ton cœur, n’est-ce pas, ma chérie ?… c’est ton pauvre cœur ?… Mais ce ne sera rien… Déjà tu ne souffres plus… Tes joues sont plus roses… Je t’assure que tout va bien. N’est-ce pas, ma chérie ?

La syncope dura quelques minutes. Lorsque Mme de Bois-Vernay se réveilla et qu’elle eût aperçu Rouxval, son premier mot fut un mot de détresse :

— Emmène-moi… Partons… je ne veux pas rester ici…

— Voyons, ma chérie, sois raisonnable… repose-toi d’abord…

— Non… partons… je ne veux pas rester…

Il y eut un instant d’agitation. Sur la prière du comte, Maxime Lériot la saisit dans ses bras et l’emporta. M. de Bois-Vernay suivait, bouleversé, tout en remettant son pardessus avec l’aide d’Hercule Petitgris.


Rouxval n’avait pas bougé. On eût cru que la scène se passait en dehors de lui. D’ailleurs ces gens coupables du forfait le plus odieux ne lui inspiraient que de l’antipathie, et il ne se fût pas avisé qu’il devait secours ou pitié à une femme comme la comtesse. Le front collé contre la vitre d’une fenêtre, il essayait de raisonner et de trouver une ligne de conduite adaptée aux circonstances. Pourquoi cette visite au président du Conseil ? N’eut-il pas mieux valu en finir et se mettre en rapport avec le parquet, avec la justice ?

« Allons, se dit-il, je vais faire des bêtises. À tout prix, du sang-froid. »

Il résolut d’aller à pied jusqu’à la présidence. L’air vif, la marche le calmeraient. Il prit donc son chapeau dans un placard et se dirigea vers la porte.

Mais, à sa grande surprise, il se heurta, une seconde