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Page:Les œuvres libres - volume 42, 1924.djvu/76

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LA DENT D’HERCULE PETITGRIS

eu simulation ?… Cependant toutes ces preuves ?…

— Ce sont précisément celles que j’accumulais afin qu’elle n’eût aucun doute. Elle a donc tout vu, monsieur le Ministre, elle a voulu assister à tout, à l’exhumation du corps et à son transfert dans le fourgon. Comment aurait-elle soupçonné, comment soupçonnerait-elle que ce fourgon n’alla pas jusqu’à la casemate de Verdun, et que notre pauvre fils est enterré à quelque distance, dans un cimetière de campagne où je vais parfois m’agenouiller près de lui… et lui demander pardon, en mon nom et au nom de sa mère absente.

Il disait vrai, Rouxval en fut convaincu. Aucune objection ne pouvait être opposée à des paroles qui étaient l’affirmation même des faits. Rouxval reprit :

— Et le rôle de Maxime Lériot ?

— Maxime Lériot m’obéissait.

— Sa conduite, depuis ?…

— Hélas, l’argent que je lui ai donné fut pour lui une cause de déséquilibre et d’avilissement. C’est mon grand remords. Plus je lui en donnais, plus il voulait en avoir, et c’est pourquoi il menaçait de tout révéler à ma femme. Mais je réponds de sa nature qui est honnête et loyale. Il m’a promis de partir.

— Vous êtes prêt, dit Rouxval, au bout d’une minute, à certifier l’absolue sincérité de votre déclaration ?

— Je suis prêt à tout, pourvu que ma femme ne sache rien et continue à croire.

— Nous sommes d’accord, monsieur. Le secret sera gardé. Je m’y engage.

Il prépara une feuille de papier et pria le comte d’écrire. Mais, à ce moment, Hercule Petitgris désigna du doigt l’annuaire et dit tout bas à Rouxval :

— Là, monsieur le Ministre… sous le livre… Vous n’avez qu’à le pousser… et vous trouverez…

— Je trouverai quoi ?

— La déclaration… je l’ai rédigée tout à l’heure…