Aller au contenu

Page:Les œuvres libres - volume 42, 1924.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plissait jamais. Et, tout à coup, il s’est rendu régulièrement dans un monastère…

Alina. — Il avait entendu la voix de Dieu !

Maria. — Bientôt il déclara qu’il n’y mettrait plus les pieds et qu’il était inutile d’entrer dans les églises…

Alina. — Oui… Il n’a pas de suite dans les idées.

Maria. — Je n’en revenais pas ! Il était assidu à tous les offices, il observait tous les jeûnes… Tout à coup, plus rien !

Alina. — Il faut absolument qu’il s’explique.

Piotr. — Oh !… Est-ce bien nécessaire ?

Alina. — Indispensable !

Piotr. — Mais…

Alina. — En voilà assez ! Les hommes n’ont pas de religion !

Maria. — Cependant il dit qu’il faut vivre selon l’Évangile, selon le Sermon sur la montagne.

Alina. — C’est pourquoi il donne des poignées de main aux domestiques ? Je voudrais bien qu’il me montrât, dans le Sermon sur la montagne, le passage où l’on prescrit de donner des poignées de main aux domestiques.

Maria. — Ça, ce n’est rien. Mais il prétend aussi qu’il faut donner tout ce que l’on possède.

Alina. — Quelle hérésie ! Ce n’est pas dans le Sermon sur la montagne, j’en suis sûre.

Piotr. — Donner tout ce que l’on possède ! Mais comment vivre alors ?

Alina. — Ce sont des idées terriblement dangereuses !

Maria. — J’espère que, dans quelques mois, il n’y pensera plus. C’est un emballé. Il s’est emballé pour la musique, puis pour les écoles… Je compte bien que cette nouvelle fantaisie sera de courte durée…

Piotr. — Qu’est-il allé faire à la ville ?

Maria. — Il ne me l’a pas dit. Mais c’est certainement pour ce vol de bois…