A peine leur ame eſt remiſe,
Qu’ils fouillent avec un grand ſoin.
Jusques au plus petit recoin,
Pour découvrir qu’elle eſt la cauſe
D’un ſi perfide événement ;
Mais ils ne trouvent rien, l’Amour pleure ſa pauſe :
La Reine ſe déſole, elle pouſſe des ſanglots,
Puis ſe laiſſe tomber comme une lourde maſſe
Sur une pile de carreaux,
Muets témoins de ſa diſgrace.
Le charme ceſſe alors, & ſon joli corps caſſe
L’obſtacle de leurs feux.... C’eſt le maudit ruban
De la Sonnette, dont le gland,
Source maudite, empoiſonnée,
Des accidens de la journée,
Entre deux couſſins étoit pris…
A chaque élan de leur tendreſſe
Des douceurs qu’on goûte à Cypris
Un grand coup de ſonnette ébruitoit l’ivreſſe
Ah ! que de Ribauts ſeroient pris,
Si dans l’accès de leurs goguettes,
Ils rencontroient ainſi des cordons de ſonnettes.
Nos Amans raſſurés fêtent encor l’Amour
Deux ou trois bonnes fois, avant la fin du jour ;
Et plongés tous deux dans le ſein des délices,
Ils ſemblent ſavourer leurs précieux premices.
Chaque jour plus heureux, devenant plus ardens,
Ils offrent à Vénus leurs feux toujours fideles ;
Ils ſe foutent ſouvent ; & l’amour & le tems,
Pour ces heureux amans, ſemblent n’avoir plus d’ailes.
Quant à moi, ſi l’on m’aſſervit
A jouir de grands biens, ſans rire, foutre, & plaire,
Page:Les Amours de Charlot et Toinette, 1779.djvu/13
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 7 )