Page:Les Amours de Charlot et Toinette, 1779.djvu/12

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Ils touchent au bonheur ; mais le ſort eſt un traitre,
On entend la Sonnette --- un page vigilant
Trop preſſé d’obéir, les dérange en entrant…
Ouvrir & ſe montrer… tout voir & diſparoître,
Fut l’affaire d’un ſeul inſtant.
Stupéfié de ſa diſgrace,
d’A --- avoit quitté la place.
La Belle Reine gémiſſoit,
Baiſſoit les yeux, rougiſſoit,
Sans proférer une parole :
Par un nouveau baiſer le Prince la conſole,
„ Oubliez, chere Reine, oubliez ce malheur,
„ Si cet importun trop alerte
„ A retardé notre bonheur,
„ Souvent l’infortune ſoufferte
„ Donne au plaiſir plus de vigueur.
„ Sus, dit le Beau d’A....., réparons cette perte ”
Chemin faiſant, il eſſayoit
Une plus grande chance,
A quoi la Reine s’oppoſoit
Avec un air de réſiſtance,
Qui rendoit plus piquant leurs Amoureux tranſports,
Et n’étaloit que mieux tous ſes petits tréſors.
Tant & tant, cher Lecteur, nos amans ſe foutirent,
Que les coups de cul les trahirent.
Une ſeconde fois monte encor Sieur Gervais :
„ Que veut Sa Majeſté ?… oh parbleu ! c’eſt exprès,
Dit d’A..... en colere,
Je n’entends rien à ce myſtere,
Voilà de cruels ſurveillans,
A tout moment ici, que veulent donc ces gens ?
La Reine n’entend plus… enfin de leur mépriſe