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Page:Les Amours de garnison, 1831.djvu/21

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voit descendre vers lui avec le perfide hameçon ; ou voudrait toujours foutre, sans songer que c’est la jouissance qui tue l’amour, qui assassine le plaisir, qui éteint les désirs, et pour vous le prouver, je parierais mon vit, auquel je tiens beaucoup, contre un fétu, que la femme qu’on a désirée pendant dix ans, sans pouvoir l’obtenir, vous déplaît au bout de six mois d’une passion continuelle. Si cela n’est pas vrai, je consens qu’on me coupe les couilles, et qu’on les cloue à ma porte, comme un chat-huant, que l’on crucifiait jadis sur l’huis de l’antique manoir d’un pauvre et orgueilleux hobereau de campagne.

L’honnête mari, le cocu de Lafo… arriva, il s’excusa longuement sur son absence, on la lui pardonna ; il ne se doutait pas qu’il leur avait rendu un très grand service, et sa chère moitié lui avoua ingénuement qu’elle avait fait de son mieux, pour que l’ennui ne vint pas les attaquer.

Tu as très bien fait, ma petite femme, reprit l’époux débonnaire, et je t’en re-