Page:Les Amours secrètes de M. Mayeux, 1832.djvu/13

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m’apercevoir qu’elle se le grattait chaque matin en y mettant son doigt, comme nous pourrions faire à notre oreille. Cela me donna l’habitude de me branler et je la conserve encore. Je passe mille espiégleries d’enfance pour arriver à douze ans : mes parens m’ayant repris avec eux, me mirent apprenti chez un imprimeur en taille douce.

Seize ans vinrent, et mon apprentissage fini, je me trouvai libre. Je gagnais quelque argent, j’eus bientôt une maîtresse ; mais elle était sage ce qui me faisait enrager, car je n’étais pas encore ce profond scélérat que je suis devenu depuis. Mais une de ses camarades prit pitié de moi, et un dimanche, comme nous revenions de la barrière du Maine, elle me dit qu’elle avait à me parler en secret et que je me trouve le lundi à cinq heures du matin à St.-Sulpice. Tonnerre de Dieu ! je me serais bien gardé d’y manquer, un pressentiment me disait que je devais ce jour-là perdre mon pucelage par-devant.

Je fus exact, elle aussi ; nous traversâmes le Luxembourg et nous nous dirigeâmes du côté de la barrière de la Santé ; nous n’en manquions pas ni l’un ni l’autre. Ce qu’elle avait à me dire, c’était du mal de ma maîtresse ; je m’y attendais, mais j’attendais autre chose aussi. Nous nous assîmes sur le bord de la fosse aux Lions, et là je