Page:Les Aventures de Huck Finn.djvu/114

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remontai en toute hâte, car il me semblait que j’allais éclater, je sortis de l’eau jusqu’aux aisselles et soufflai comme après une longue course.

Naturellement, le steamer s’était remis en marche dix secondes après avoir renversé la vapeur. En général, on ne s’aventure pas sur un train de bois à moins d’être bon nageur, et s’il fallait s’arrêter à chaque accident de ce genre, cela n’en finirait pas. Le steamer était donc déjà hors de vue, bien que je l’entendisse encore.

J’appelai Jim une douzaine de fois, aucune réponse ne m’arriva. Je saisis une planche qui m’avait touché au moment où je remontais sur l’eau et je la poussai devant moi. Je changeai bientôt de direction pour suivre le courant qui portait vers la rive gauche. C’était un de ces courants obliques comme on en rencontre dans les grands fleuves. Grâce à la planche, je pus gagner la côte et je grimpai le long de la berge. Il faisait un peu plus clair ; mais la fatigue m’avait engourdi les jambes et je n’avançai que lentement sur un sol raboteux. Enfin, après avoir cheminé pendant un quart de mille environ, j’aperçus une grande maison, un log house tel qu’en construisent encore les fermiers de l’Arkansas.

Au même instant, trois ou quatre chiens se mirent à tourner autour de moi en aboyant, et je me gardai bien de faire un pas de plus.