Page:Les Aventures de Huck Finn.djvu/181

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— Vous.

— Moi ? J’ai seulement dit que le roi vient là pour prendre des bains de mer… Est-ce qu’on est obligé d’aller à la Jamaïque pour avoir du rhum ?

— Non.

— Eh bien, le roi n’a pas besoin d’aller si loin non plus. Il se fait envoyer son eau dans des barriques. Il n’aime pas les bains froids et dans le palais de Sheffield il y a des chaudières aussi grandes que cette cuisine. Au bord de la mer on ne trouve pas ce qu’il faut pour chauffer assez d’eau.

— Bon, je comprends ; vous auriez pu m’expliquer cela tout de suite.

Je me crus hors du bois et je me sentis plus à l’aise ; mais elle revint bientôt à la charge.

— Vous alliez donc aussi à l’église ? Où vous mettiez-vous ?

— Sur le banc de votre oncle, parbleu.

— Ici, le pasteur, à moins d’avoir une nombreuse famille, ne se réserve pas un banc, attendu qu’il est en chaire tout le temps.

Je venais de commettre une nouvelle bévue, oubliant que Harvey Wilks était pasteur et célibataire. Je m’en tirai pourtant, non sans tousser un peu.

— Oh ! il ne monte pas en chaire chaque semaine. Dans notre église il y a dix-sept prédicateurs, parce que le roi s’ennuierait d’entendre toujours le même.

— Hum ! Et traite-t-on bien les domestiques chez vous ? Leur donne-t-on congé, comme ici, le jour de Noël, le jour de l’an et à la fête du 4 juillet ?

— On voit bien que vous ne connaissez pas l’Angleterre. Ils ont à peine une heure de congé d’un bout de l’année à l’autre.

— Pas même le dimanche ?

— Pas même le dimanche.

— Alors comment trouviez-vous le temps de vous rendre à l’église ?

— J’étais forcé de trouver le temps bon gré, mal gré. Je n’appelle