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LES BRAVES GENS.

des préjugés ridicules, par exemple celui d’obéir sans discuter. Quand sa mère avait dit non ! il ne savait pas la câliner avec toutes sortes de petits mots familiers pour lui faire dire oui ! Quand son père lui refusait quelque chose, il ne savait pas se mettre avec lui sur le pied d’un camarade qui discute avec son camarade, et lui prouve avec esprit qu’il n’a pas le sens commun et qu’il est arriéré. Parlez-moi d’Ardant, au contraire. Quel petit air résolu et quelle délicieuse effronterie, quand il dit à son papa : « Le père que j’ai ne veut donc pas être sage et raisonnable ! Je serai donc obligé de le renier ? » Quel père serait assez de l’autre monde pour résister à des manières aussi charmantes ? Surtout le pauvre Jean ne savait pas mettre en contradiction papa avec maman, et obtenir de l’un ce que l’autre avait refusé. Il ne lisait pas le journal pour voir les comptes rendus des courses ; mais il lisait Robinson, il lisait Don Quichotte, et toutes sortes de vieilleries et de contes de fées, et il avait l’air de croire que tout cela était arrivé : bon garçon, du reste ; mais, jeune ! mais, crédule ! Ainsi parlait la jeune France, par la bouche de Michel de Trétan.