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Page:Les Braves Gens.djvu/195

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LES BRAVES GENS.

essuya du revers de sa main gauche son front trempé de sueur, et tendit sa main droite. Le jeune homme blond y déposa gracieusement la somme de 20 centimes. Sourd aux réclamations du commissionnaire, et insensible aux railleries des gens qui s’étaient attroupés, il demanda M. Defert. Sur la carte qu’il lui fit passer, la femme de chambre put lire : Karl Schirmer. M. Schirmer, recommandé avec les plus grands éloges par un correspondant allemand de la maison Defert et Cie, venait en France pour y apprendre l’art de fabriquer du drap. M. Defert avait écrit à son correspondant de lui expédier le jeune homme, lui offrant l’hospitalité jusqu’à ce qu’il eût trouvé à s’installer convenablement. On était alors en famille ; on n’aurait pas mieux aimé que de jouir en paix des derniers jours que Marthe devait passer sous le toit paternel. Le jeune Allemand tombait mal : il s’était trop pressé. Néanmoins M. Defert n’eut pas un moment l’idée de lui en vouloir ; c’était chose convenue qu’il le recevrait, il le reçut donc ; d’ailleurs depuis quand peut-on rendre service aux gens sans se gêner un peu ? M. Karl fut présenté par M. Defert au reste de la famille. Quoiqu’il fût parfumé comme un marié de village, et que sa politesse eût quelque chose de trop empressé et de trop obséquieux qui gênait, il avait des yeux bleus si candides et des cheveux blonds si angéliques, qu’on le trouva charmant pour un Allemand.