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Page:Les Braves Gens.djvu/213

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LES BRAVES GENS.

ne la voit plus à Châtillon. Elle sera heureuse de savoir que je suis décidé à faire ma médecine. C’est elle qui m’a élevé ; quoique jusqu’ici je ne lui aie pas fait grand honneur, elle m’aime tout de même et sera contente de me voir. Je ne suis pas fâché non plus qu’elle fasse ta connaissance. Crois-tu que ta mère nous permette d’y aller ? »

Avant que Jean eût répondu, la cloche du déjeuner sonna, Robillard sauta brusquement sur ses pieds, et répara ce qu’il appelait le « désordre de ses draperies », relit le nœud de sa cravate, boutonna militairement sa tunique et se déclara prêt. « Après vous, docteur ! dit Jean en ouvrant la porte pour le laisser passer.

— Par ordonnance du médecin ! » répliqua Robillard en enlevant son ami comme une plume et en l’emportant sur son dos. Arrivé en bas, il déposa doucement son fardeau sur le sol, et s’inclinant avec la plus grande courtoisie, il offrit le bras à Jean pour entrer dans la salle à manger, où il n’y avait encore personne.

Mme Defert autorisa ses deux garçons à faire la promenade projetée. Seulement elle pria Robillard de veiller sur Jean. Robillard se mit à rire, et dit que ce serait bien plutôt à Jean de veiller sur lui ; mais que pour une fois il ferait le mentor, et il pensa en lui-même que Mme Defert avait trouvé là un ingénieux moyen de le rendre sage.