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LES BRAVES GENS.

où étaient ces caisses, et si un incendie, par exemple, les avait menacées, il aurait pu indiquer aux pompiers où il fallait les aller prendre pour les sauver. Il connaissait la comptabilité industrielle presque aussi bien que M. Dionis. M. Dionis, je suppose, aurait pu s’absenter, tandis que Karl aurait tenu les livres ; au retour, M. Dionis n’y aurait pas reconnu d’autre différence que celle de l’écriture. M. Dionis n’admettait que l’écriture française, et avait toutes les autres en horreur.

Robillard demanda à Baptiste comment il pouvait savoir que la chambre de H. Schirmer était pleine de cartes.

« Monsieur saura que M. Schirmer m’a dit que j’avais une belle écriture, que la sienne était mauvaise et il m’a demandé de lui donner des leçons. Des leçons ! chacun son affaire : moi, je suis valet de chambre, et naturellement je ne donne pas de leçons d’écriture. — Eh bien ! m’a-t-il dit, si ce n’est pas comme maître que vous me les donnez, ce sera comme ami ; ce ne sera plus la même chose, et pour mettre vos scrupules bien à l’aise, je ne vous payerai pas, voilà tout. — Ça s’est arrangé comme ça. Je lui montre de temps en temps comment il faut s’y prendre, et c’est un bon écolier. Il faut croire qu’il travaille tout seul d’une fois à l’autre, car d’une fois à l’autre son écriture n’est pas reconnaissable. Je puis dire à Monsieur que, pour un Allemand, ce garçon-là n’est vraiment pas maladroit de ses mains. » Robillard se mit à réfléchir, et se demanda tout haut où le Schirmer en voulait venir.

« À savoir écrire, bien sûr ! » répondit naïvement Thorillon, tout étonné de la question.