Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/101

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teuse qui estoit assise contre le pied du lict. — À la verité, Madame, j’en ai leu quelque chose ; quelques fois j’y passe une heure de temps. — Mais est-ce à faire aux femmes à lire et manier un livre si hazardeux, qui tuë et occist ceux qui le veulent expliquer et manier trop indiscrettement ? Voilà d’où viennent tant de ministres et tant d’errans que nous voyons aujourd’huy, qui tourne-boulent, couppent, rongnent et disposent de l’Escriture selon leur plaisir. Si est-ce qu’ils ont beau feuilleter, on ne trouvera jamais dans la Bible qu’il faille se rebeller contre son roy, et se partialiser contre l’authorité de son souverain. — La bossüe alloit respondre, mais l’Accouchée, levant un peu sa teste, ce pendant qu’on relevoit son oreiller : Mais, dit-elle, Mesdames, vous ne dictes rien de l’armée ; n’y a-il rien de nouveau ? Il y a long-temps que je n’en ay entendu aucun bruit.

La femme d’un courrier extraordinaire, de la ruë aux Ours, prenant la parole : Je receus, dit-elle, des lettres hyer au soir de la Cour, par où on me mandoit que tout succedoit entièrement selon la volonté du roy : les rebelles ne furent jamais si mal menez. Montauban est aux abbois10, la Rochelle enclose et fermée par mer et par terre11.


10. Cette place ne se rendit toutefois définitivement qu’en 1629.

11. Il est question d’un premier blocus qui précéda le siége fait par Richelieu, et qui fut levé en cette même année 1622.