Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/102

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Il ne reste plus qu’à bien servir sa Majesté, comme font quelques uns ; mais il y en a d’autres qui veulent faire leur main, aussi bien que le connestable deffunct, qui en un jour mettoit dix ou douze mille hommes dans sa pochette : il y a de la tromperie partout12.

— Tromperie ! dit une sculptrice de la ruë Sainct-Martin. Mercy de ma vie ! je vois là tous les jours devant ma porte mille sortes d’inventions pour attraper l’argent du roy. Il ne suffit pas aux tresoriers de gaigner cent mille escus en un an, ils veulent faire leurs commis et partisans aussi riches qu’eux : s’il faut mener une voye d’argent à Sa Majesté13, on prendra quatre cens


12. Le même reproche se trouve formulé contre Luynes et ses frères, dans la Chronique des favoris. On le fait ainsi parler : « Nous avons encore preveu de faire un grand nombre de régiments invisibles, mes frères et moi, desquels on faisoit courre le bruict que nous les mettions en nostre bourse, au lieu que nostre dessein estoit de nous en servir pour les jetter invisiblement dans la place, pour la surprendre plus facilement. » Recueil des pièces les plus curieuses, etc., p. 481.

13. Il falloit alors, quand on faisoit des transports d’argent, un énorme attirail d’hommes et de chariots, n’eût-on à voiturer qu’un million ou douze cent mille livres. Malherbe écrit à Peiresc le 17 juillet 1615 : « On fut mercredi sur les cinq heures du soir à la Bastille, prendre douze cent mille livres pour le voyage… ; l’argent fut tiré dans quarante charrettes, qui portoient chacune trente mille livres en quarts d’écus. »