Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/11

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une autre repond qu’il est bien heureux. S’il arrive que quelque chose deplaise à ces commères, une d’elles ira dire à l’accouchée : Vraiment, ma commère, je m’emerveille bien, ainsi que toutes mes commères qui sont ici, de ce que votre mari fait si peu de compte de vous et de votre enfant. Regardez ce qu’il feroit si vous en aviez cinq ou six ! On voit bien qu’il ne vous aime guères, et cependant vous lui avez fait en l’épousant plus d’honneurs qu’il n’en advint jamais à nul homme de son lignage. — Par mon serment, dit une autre, si mon mari agissoit ainsi, j’aimerois mieux qu’il n’eût œil en tête, etc., etc., et tant d’autres discours du même genre5. »

À la fin du chapitre, l’auteur représente le pauvre mari contraint de donner à dîner aux bonnes commères et de les festoyer. « Il y travaille bien, dit-il, et il y mettra moitié plus qu’il ne se l’étoit proposé, afin d’obeir aux désirs de sa femme. Bientôt arrivent les commères ; le bonhomme va au devant d’elles et leur fait bon visage. Il est sans chapperon, va, vient par la maison, et semble fou, bien qu’il ne le soit guères. Après avoir presenté les commères à sa femme, il les conduit dans la salle pour les faire manger. Elles dejeunent, elles dînent, elles mangent à se rassasier ; elles portent la santé maintenant au lit de la commère, maintenant à la cave du patron, et gaspillent plus de denrées et de vins qu’il n’en tiendroit dans une botte. Le pauvre homme, qui a tout le souci, se lève bien souvent pour voir combien il


5. Voir aux Appendices, nº 2. Nous y avons joint deux strophes des Ténèbres du mariage.