Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/10

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reine, et, à cette occasion, quelques uns dirent que les gens de Paris avoient trop de sang ; qu’il seroit bon que le roi les chargeât de certains impôts, afin que leurs femmes n’allassent plus se comparer, par leur luxe, à la reine de France4. »

Au milieu du XVe siècle, il y avoit déjà longtemps que l’usage étoit établi parmi les bourgeoises de Paris et des autres bonnes villes de se rendre visite pendant que l’une d’entre elles étoit en couches. Cet usage avoit donné lieu à des abus qui n’ont pas échappé à la verve railleuse des écrivains satiriques de ce temps. Le premier en date est l’auteur des Quinze joyes de Mariage. Voici en quels termes il a signalé ces abus dans le troisième chapitre de son livre : « Or approche le temps de l’enfantement ; il faut que le mari cherche les commères, les nourrices et les matrones, suivant le bon plaisir de la dame. Or il a grand souci de rassembler toutes ces commères, qui boiront du vin autant comme il en contiendroit dans une botte. Or double sa peine, or se voue la dame en sa douleur à plus de vingt pelerinages, et le pauvre homme aussi la voue à tous les saints. Les commères arrivent de toutes pars. Or convient que le pauvre homme face tant qu’elles soient contentes. Les dames et les commères parlent, plaisantent, disent de bonnes choses et prennent de l’aise, quiconques en ait la peine et quelque temps qu’il fasse. S’il pleut, gelle ou grèle, et que le mari soit dehors, l’une d’elles pourra bien dire : Helas ! mon compère, qui est dehors, a maintenant beaucoup de mal à endurer. Mais


4. Voir, à la fin de cette introduction, aux Appendices, nº 1.