Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/113

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tion du curé de Mil-Monts29 sur ce sujet, dit la femme d’un astrologue de l’Université ; vous l’eussiez admiré. Il y a bien dix mois qu’il l’apporta en nostre logis30 ; elle estoit ainsi :

Quand L. sera changé en R.
Et Loys changé en vray roy,
Lors nous verrons ce vice-roy,


29. Jean Belot, curé de Mil-monts, étoit alors, comme Morgard ou Mauregard, l’un des plus grands faiseurs d’almanachs. Voici le titre bizarre de celui qu’il avoit publié au commencement de 1621, et qui prédisoit, à en croire nos caqueteuses, la mort du connétable, survenue le 15 décembre de lamême année : « Centuries prophetiques revelées par sacrée théurgie et secrete astrologie à M. Jean Belot, curé de Mil-monts, professeur ès mathématiques divines et celestes, auxquelles centuries est predit les evenements, affaires et accidens plus signalés qui adviendront en l’Europe, aux années suivantes jusques en l’an 1626… Paris, A. Champenois, 1621, in-8 pièce. — On se préoccupoit beaucoup, à Paris et dans la province, de ces prophéties d’almanach. Malherbe se croit obligé, par exemple, de rassurer l’un de ses cousins de Normandie sur les inquiétudes que ces prédictions lui donnoient au sujet du voyage du roi, qui venoit de partir pour la Guienne. « Mauregard, lui dit-il, le curé de Mil-monts, et tous les autres faiseurs de prophéties, mentent. Vos astrologues ne sont pas plus clairvoyants qu’eux. Il ne faut pas avoir peur de leurs almanachs plus que des autres. »

30. Ces almanachs étoient partout, je le répète, la grande affaire des caqueteuses. Celles qui sont mises en scène dans une autre pièce parue vers le même temps, Le grand procez et la querelle des femmes du faubourg S.-Germain avec les fil-