Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/120

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plustost pour la chaleur que pour l’austerité ou le bon desir qu’ils ayent de reprendre la reforme, car ils ont desjà la plus part quitté le manteau.

— Tout beau, Madame, dit une devote qui estoit en un coin ! il ne faut jamais mal juger de son prochain : il y a encor de fort bons religieux là dedans. Ne sçavez-vous pas qu’on voit toujours quelque grain de zisanie parmy le froment ? Il est impossible autrement, car on ne recognoistroit par les bons d’avec les meschans, ny le vice de la vertu.

— Je ne plains en cela que le pauvre père general, dit la femme d’un advocat de la cour, de n’avoir peu faire entheriner ses lettres au parlement ; mon mary y a travaillé en ce qu’il a peu, et toutesfois il n’a rien effectué. N’est-ce point une chose estrange que ce bon père, qui est l’humilité mesme et le miroir où tous les religieux de son ordre devroient mouler leurs actions, aye tant pris de peine et travaux de venir en France pour trouver ses enfans rebelles ? Je ne sçay, pour moy, où le monde d’aujourd’hui a l’esprit.

Une de la ruë Sainct-Anthoine, qui n’avoit point encor parlé, oyant discourir d’esprit : Par sainct Jean, Madame, je vous vay conter le plus plaisant conte que jamais vous ayez entendu d’un esprit39 (mais il estoit domestique et familier).


39. Le titre du petit livret rare cité dans une note précé-