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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/121

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Un bon compagnon, depuis quinze jours en ça, s’est mis en cervelle de faire l’esprit, de sorte qu’il espouventoit tous les petits enfans de nuict. Ce pendant il disoit au maistre du logis que l’esprit s’estoit apparu à luy, et qu’il falloit faire un service à un costé et un pèlerinage à l’autre : on lui fournissoit l’argent, dont il s’accommodoit fort bien. En fin il pria un jour son maistre de le laisser coucher dedans son estude, et qu’infailliblement il feroit en sorte, par ses inventions, qu’on n’entendroit plus d’esprit, ce qu’il fit : car, estant dans l’estude, il print huict cens livres à son maistre, et depuis on n’a point ouy parler d’esprit.

— Il n’y a pas long temps que la mesme chose arriva en nos cartiers, dit une femme d’auprès Sainct-Jacques de la Boucherie ; mais l’esprit ne peut jouer si bien son personnage que celuy dont vous parlez, car il fut mené prisonnier au Chastelet.



dente est à lui seul une preuve qu’alors on se préoccupoit beaucoup des Esprits et des Invisibles. L’arrivée à Paris des frères de la Rozée-Croix (sic), qui venoient y faire séjour, visibles et invisibles, en cette même année 1623, contribua singulièrement à entretenir ces chimères, et à inspirer des écrits pour ou contre, dans le genre de celui de tout à l’heure. Nous en connoissons un autre, fait en haine des nouveaux venus, et dont voici le titre : L’Examen sur l’Inconnue et nouvelle caballe des frères de la Rosée Croix, habituez depuis peu de temps en la ville de Paris, ensemble l’histoire des mœurs, coustumes, prodiges et particularites d’iceulx, MDCXXIIII.