Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/123

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sur l’eglise des Carmelines, qui demande ses interests sur les bleds et les terres qui ont esté gastées dernièrement ? dit une du faux-bourg Sainct-Michel.

— Madame n’a pas trop mauvaise raison, dit une autre jeune fille qui avoit les pasles couleurs : car, comme on a desjà dit, il y eut un grand degast, et encor toute ceste estenduë appartient à de pauvres particuliers, qui d’autre part estoient assez en disette sans souffrir ceste perte. Vous sçavez qu’un escu à un pauvre qui en a besoin vaut autant que dix escus à un riche qui n’en a aucune indigence ; mais on tient que les Chartreux deffendront leur cause, car les terres des environs


Saint-Jacques, qui avoit pris la place du prieuré de Notre-Dame-des-Champs, occupoit un terrain consacré autrefois à Cérès. L’église auroit ainsi remplacé le temple. On fondoit cette opinion sur l’apparence singulière de la statue mise tout au haut du pignon, et qu’on croyoit être celle de la déesse. Charles Patin et Moreau de Mautour étoient de cet avis. Ils prétendoient qu’il falloit voir dans l’espèce de faisceau qui surmontoit la statue la gerbe d’épis, attribut de Cérès. Piganiol combat cette opinion, et Saint-Foix la soutient. Mais il paroît prouvé aujourd’hui que cette statue étoit tout simplement celle de saint Michel, qu’on avoit coiffée de pointes de fer, afin d’empêcher les oiseaux de s’y percher. Ce passage des Caquets est curieux en ce qu’il prouve la perpétuité des souvenirs du paganisme chez le peuple de Paris, et l’espèce d’action que ces souvenirs pouvoient avoir sur l’opinion des savants, sans que ceux-ci daignassent l’avouer.