Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/134

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poles ; vos gens y ont tousjours laissé les bottes, et aujourd’huy il y en a entre vous de si acharnez qu’ils en recherchent les esperons60. Il s’agissoit


60. Le poète Auvray s’en prend encore, avec sa vigueur haineuse, à l’ardeur vivace et éternelle du parti huguenot. Il va jusqu’à exalter l’utilité de la Saint-Barthélemy :

.  .  .  .  .  .  .  .  .  Et puis ces Lestrigons
Se disent reformez ! Ô tigres, ô dragons !
Helas ! combien de fois vos sanglantes furies
De nos temples sacrez ont fait des boucheries !
Le sang y fume encor, et, sans verser des pleurs,
Je n’en peux dans mes vers exprimer les malheurs.
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .
Quoy ! secouer le joug des monarques puissants,
Mesurer vostre foy à l’aune de vos sens,
Vous donner tout en proye aux charnelles délices,
Violer nos tombeaux, dérober nos calices,
Fouler l’hostie aux pieds, enfoncer, inhumains,
Au sang des innocents vos homicides mains,
Et mesdire des roys d’une rage animée :
Appelez-vous cela l’Eglise reformée ?

Vous nous reprocherez la Saint-Barthelemy ;
Mais ce brasier ne fut allumé qu’à demy :
C’estoit lors que devoit et que pouvoit la France
Exterminer ce monstre au point de sa naissance.
Ce feu devoit s’esteindre avant qu’il fût plus grand :
Par trop starer la playe incurable on la rend.
La moisson, dira-t-on, n’etoit point encor meure.
Si falloit-il ce chancre amputer de bonne heure,
Il n’auroit pas gaigné les membres principaux.

(Le Banquet des Muses, ou les divers satires du sieur Auvray, etc. Rouen, 1627, in-8, p. 271.)

L’opinion exprimée si énergiquement dans ces derniers vers étoit partagée par tout le parti catholique. Dans l’Epistre dedicatoire au Roy, de son livre : Les principaux points de