Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/145

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rions tant de suitte de valets et servantes, si le roy voyoit bien clair en nos affaires ? Et pour empescher la recherche que l’on voulut faire, il y a quelques années, des trésoriers de la France, ne composa-on pas avec les partisans ? Et asseurez-vous que l’on ne fera pas autrement si l’on les recherche de nouveau, comme l’on en murmure.

— Madamoiselle, ce dit la femme d’un secretaire, je vous prie de croire que MM. les tresoriers de France ne seront pas recherchez, car ils sont trop grands seigneurs, et que si l’on entreprenoit ceste affaire, ce ne seroit que pour tirer quelque pièce d’argent4 ; mais toutesfois, pour que l’on ne descouvre leurs affaires à tout le monde, je pense qu’il n’y a rien meilleur que de courir au devant, et de jetter, comme on dit, à la gueule une somme d’argent pour n’en estre point parlé. Mais je sçay bien que l’on en veut fort aux greffiers, qui reçoivent plus que leurs droicts, et


4. Cette commère a raison. Lorsqu’en 1624 cette recherche des financiers, si long-temps menaçante, eut été décrétée et la chambre de justice instituée, à l’instigation de Richelieu et de la reine-mère, on se contenta de sévir contre La Vieuville, le surintendant, et contre Beaumarchais, son beau-père, qui, on le prouva, s’étoit enrichi de dix millions depuis les quelques années qu’il étoit trésorier de l’Épargne. La Vieuville fut mis en prison au château d’Amboise, et Beaumarchais pendu en effigie. Justice étant ainsi faite des deux hommes contre lesquels la mesure avoit surtout été prise, le roi se fit bien supplier par les femmes,