Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/144

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veu que ces estats sont tant recherchez aujourd’huy, que beaucoup de tresoriers, conseillers, presidens, advocats, procureurs et autres y placent leurs enfans et parens ? Pour mon regard, il me prend envie de dire à mon mary qu’il en aye un pour vivre plus à son aise. — Madame, dit la damoiselle, le gain est si grand que (s’ils veulent) ils peuvent mettre trois ou quatre livres de poudre dans leurs pochettes autant de fois et à chaque coup de canon que l’on tire ; ainsi des boulets, ne faisant mettre assez souvent que de la bourre dans les canons, comme ont fait plusieurs au premier voyage du roy vers Montauban. — Pendant ces discours, plusieurs demoiselles et bourgeoises entrèrent en la chambre, lesquelles prirent place.

Une damoiselle, femme d’un autre tresorier des guerres qui se trouva là, prenant la parole, dit comme en cholère : Madamoiselle, puisque Monsieur vostre mary est de l’artillerie, vous ne devriez pas parler si ouvertement. Ne sçavez-vous pas qu’il est besoin de celer le secret des charges de nos maris, lesquels ne nous les disent qu’avec grande difficulté, de peur que l’on n’en face quelque rapport au roy, lequel est assisté de flatteurs qui nous font ronger les ongles d’assez près ? Et tant s’en faut qu’il faille en parler, qu’au contraire il se faut toujours plaindre. Croyez-vous que nostre cuisine fust si grasse qu’elle est, et que nous au-