Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/148

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L’accouchée, levant la teste, dit alors : Là, Mesdames, je vous prie de prendre ce qui se dit icy par forme de devis, et non pas au point d’honneur, car c’est à faire aux hommes de le debattre, et prevoir ce que nous pouvons dire. Parlons, s’il vous plaist, d’autres choses. N’avez-vous veu et leu les questions de Tabarin8.

— Ouy, Madame, dit la femme d’un secretaire du roy, je les ay leuës il n’y a pas un mois ; mais je n’y prends pas beaucoup de plaisir, car l’on m’a dit qu’il y a bien à dire de ce que dit Tabarin et de ce que l’on a escrit sous son nom, et qu’il n’y a rien de tel que de l’ouyr.

— Vramy, Madamoiselle, dit la femme d’un medecin, je l’ay ouy dire ainsi à mon mary ; mais il trouve que Mont-d’Or dit beaucoup confusement, et s’estonne de la facilité des bourgeois de Paris, qui se laissent persuader si legerement à ses discours9, qu’à le voir debiter aujourd’huy sa marchandise il semble qu’il arrive tout nouvel-


8. Recueil général des rencontres, questions, demandes, et autres œuvres tabariniques, petit volume in-12 paru en 1622, c’est-à-dire de manière à être encore dans sa pleine nouveauté quand fut imprimé ce troisième Caquet.

9. Il paroît toutefois que c’étoit moins l’éloquence de Mondor que les lazzis de son valet Tabarin qui faisoit la fortune de leur échafaud de la place Dauphine. « Tabarin proffite plus avec deux ou trois questions bouffonnes et devineries de merde ou de la chouserie que ne fait son maistre avec tout