Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/186

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Quod sinifrimity là-dessus, Madame, dit une mercière du palais.

— Plaist-il, Madame ? respondit l’autre.

— Je dis, reprent la mercière, que cela n’importe, puisqu’ils retournent en leurs maisons bien guaris.

— Madame, j’en suis fort contente, dit madame Charles ; mon mary est très bien satisfaict.

La mercière, qui estoit en train et sembloit estre interessée, ou au moins obligée de soustenir le party de ses chalans, ne se peut empescher d’attaquer la changeuse. Mais Madame, lui dit-elle, il me semble qu’au paranymphe5 que vous avez fait de vostre nouveau parent, vous avez oublié une qualité qui doit estre relevée : vous n’avez rien dit de son bon naturel. Pour moy, je le trouve bon comme le bon pain. Je m’asseure que, s’il trouvoit vostre cousine en faisant l’amour, il


5. Discours élogieux, mais souvent avec ironie, qu’on avoit coutume de faire dans les facultés de théologie et de médecine de Paris, avant de recevoir les licenciés. Chaque bachelier y trouvoit son lot. Ce mot de paranymphe venoit de l’usage qu’on avoit en Grèce d’adresser aux nouveaux mariés un chant de louange le jour de leurs noces. Il étoit fort employé à l’époque de Louis XIII. Régnier dit dans sa Ve satire, v. 233–236 :

Et, ce qui plus encor m’empoisonne de rage,
Est quand un charlatan relève son langage,
Et, de coquin faisant le prince revestu,
Bastit un paranymphe à sa belle vertu.