Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/196

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de tout son pouvoir : il l’a voulu faire secretaire d’Estat pour prendre sa place de president des Comptes.

— Je pense veritablement, dit la maistresse des Comptes, qu’il le portera ; mais il a contre luy un autre secretaire d’Estat plus puissant, monsieur le president Doguerre14, qui a sa brigue plus forte ; il luy peut faire beaucoup de mal, par la grande intelligence qu’il a avec monsieur le premier president.

— Madamoiselle, dit la secretaire, si on le presse trop, il recourra à sa bonne maistresse madame la duchesse de Chevreuse15.

— Je pense, dit la maistresse des Comptes, qu’elle n’a pas aujourd’huy grand credit16, encore


De subsides et de gabelles ;
Qui mêloit dans ses aliments
De l’essence du sol pour livre.
Passant, songe à te mieux nourrir,
Car, si la taille l’a fait vivre,

La taille aussi l’a fait mourir.

14. Ce nom est altéré ; il faut lire « le président d’Ocquerre. » Il étoit, en effet, secrétaire d’Etat. Il eut pour fils ce Blancmesnil, conseiller au parlement, qui partagea la popularité frondeuse de Broussel. Histor. de Tallemant, édit. in-12, t. 7, p. 148.

15. À titre de veuve du connétable de Luynes, son premier mari, madame de Chevreuse devoit en effet protéger Monsigot.

16. Cela est si vrai, qu’elle ne tarda pas à être éloignée de la cour, aux instigations de la Vieuville. Mém. de Richelieu, coll. Petitot, 2e série, t. 22, p. 273.