Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/246

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desjà deffait sa chemise4, c’est une chose estrange que, sous pretexte de madame l’accouchée, on nous en fait payer la fole enchère. On dit mal de l’une, on se mocque de l’autre, on rit, on gausse ; ce sont plustost des farces et commedies qu’autres choses. Jamais les femmes ne furent remuées de la sorte : l’une sera trop vieille à l’appetit de son mary, il se voudra mettre à la fraischeur ; l’autre sera trop bouillante à l’appetit du sien, qui n’ira qu’à demy-voye ; l’autre aura cinquante ans et on ne la marie pas, de sorte qu’elle sera contraincte de recoudre son pucelage plus de cent fois. Que sçay-je, moy ? chacun nous donne tels quolibets qu’on veut, et ainsi pour ce jourd’huy en toutes les bonnes compagnies et assemblées on nous couche tousjours sur le tappis, puis après nous servons de joüet et d’entretien aux hommes, qui sont bien ayses, pour passe-temps, d’esplucher nos actions et de scindiquer sur nos besongnes.

— Madame a raison (fis-je alors)5, car le temps d’aujourd’huy n’est plein que de mesdisances et d’invectives, principalement à la cour, où j’ay de coustume de hanter : l’une aura un œil trop brun à l’appetit de celuy-cy, l’autre un nez camus à l’appetit de l’autre ; mais la pluspart du monde ne


4. Les mots : une qui avoit desjà deffait sa chemise, sont remplacés au Recueil général par : une autre.

5. Var. Recueil général : dit lors une autre.