Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voit point que ceux qui sont camus ont de grands priviléges et immunitez à eux concedés de la nature, sçavoir est qu’ils sont exempts de porter les lunettes, droict qui est très beau, puis qu’il relève de la cour des Quinze-Vingts, où les aveugles president en robbes grises et fleurdelisées6 ; les autres ont des robbes qui ne correspondent pas à leur qualité. Si une marchande porte le satin à fleurs de velours cramoisi7, etc., faut-il en murmurer ? Pourtant elles seroient peu discrettes si elles ne s’accoustroient des plus riches et des plus belles estoffes de la boutique, puis qu’elles-


6. Les Quinze-Vingts portoient une longue robe grise, avec une fleur de lys sur la poitrine. Une gravure d’Abraham Bosse représente sous son costume complet un de ces aveugles demandant l’aumône au coin d’une rue. La caricature qu’on fit de Lafont de Saint-Yenne, à cause de ses jugements d’aveugle sur le salon de 1753, est aussi une représentation exacte de l’habillement des Quinze-Vingts sous Louis XV.

7. On reprochoit alors beaucoup aux bourgeoises la richesse des étoffes qu’elles employoient pour leurs robes, et l’on disoit partout que ce luxe coûtoit cher aux bonnes mœurs :

Les bourgeoises qui font les belles,
Sont braves comme damoiselles
Et se font promener à tas,
Ont-elles pas un petit chose…
Pour achepter du taffetas ?

(Le Tableau à deux faces de la foire S .-Germain, etc., 1627, in-12, p. 6.)

La Rousse dit que, si sa fille
Avoit l’habit de taffetas,