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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/252

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la cure qu’on prend après les hommes, on verroit des merveilles : car, comme les femmes sont d’un temperament plus tendre, et ont le sang, comme j’ay desjà dit, plus subtil, aussi auroient-elles en bref les organes disposez à recevoir les espèces intromises par les sens interieurs. Combien a-on veu de grands cerveaux de femmes regir, maintenir et gouverner ceste monarchie et une infinité d’autres royaumes ! C’est ce qui conduisoit jadis Plutarque à dire que les vertus des femmes aloient à l’esgal de celles des hommes, comme de fait on en peut voir de grandes et irreprochables experiences. Il me souvient avoir leu dans Tacite qu’un certain, estant venu à Rome en grand equipage pour estre concitoyen de ladite ville et participer aux droicts et immunitez, dont jouyssoient jadis les Romains, et principallement ceux qui avoient le titre de noblesse, qu’au commencement il se vantoit de la race des dieux, se disant sorti d’un Hercul, d’une Thetis, d’un Jupiter. On ne l’approuvoit point pourtant ; mais quand, changeant de discours, il vint dire qu’il descendoit en ligne collateralle d’une Amazone, alors ce nom reveré et respecté du peuple romain le fit entrer au nombre des autres citoyens, et participer aux mesmes privileges. Les Lacedemoniens, gens experimentez s’il en fut jamais, ne faisoient rien qu’auparavant ils n’eussent consultez les principalles femmes de la ville.