Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/275

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une qui avoit leu les romans. Sur ce mot, on couppa le discours pour entretenir madame l’accouchée de tout ce qui s’estoit passé en ses dernières visites. Pour l’heure, dit-elle, je me porte bien ; je voudrois qu’il me fust permis de sortir, je serois bien ayse de prendre l’air : aussi y a-il long-temps que je suis icy renfermée13. Comme de fait, je ne sçay comme penser que cela se soit fait de demeurer si long-temps en couche, veu que les premières visites se firent l’après-disnée du vingt et quatriesme d’avril, et nous y sommes encor. Toutesfois, c’est peut-estre à la mode des Hebrieux, qui devoient estre en leurs couches, quand elles s’estoient deschargées d’une fille, l’espace de quatre-vingts jours ; encore seroit-ce davantage despuis le temps.

L’accouchée, estant battuë de tant et tant de discours et rapports qu’on luy venoit faire de jours à autre, pria sa mère de congedier la compagnie, et de ne prendre en mauvaise part tout ce qui avoit esté dit chez elle. Sur cet adieu, toutes les bourgeoises prirent congé d’elle, avec toutes sortes de reverence et de courtoisie, et moy particulierement, qui sortis le dernier, et eus le bonheur14 de voir l’enfant dont est question et du quel


13. Tout ce qui suit, jusqu’à l’alinéa, manque au Rec. gén.

14. Var. Ce qui suit est remplacé dans le Recueil général par : que de baiser l’Accouchée en prenant congé d’elle jusques au revoir.