Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/274

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teurs pour marier sa fille. — Une vieille de la ruë Sainct-Victor, y voulant mettre son nez : Ne sont-ce pas, dit-elle, ces receleurs de la jeunesse, qui prestent de l’argent à rendre prebstre, mort ou marié ? Il y en eut un de nostre quartier, l’autre jour, le plus vilainement affronté du monde ; il n’y a point de danger de dire son nom : c’est M. de la Croisette ; il avoit preste à diverses fois quinze cens livres à un jeune advocat de la ruë Sainct-Jacques, le père duquel est mort depuis six mois, esperant retirer au double quand il se marieroit. Or il est arrivé que ledit advocat est mort ces jours passez, de façon que mon drolle vint à faire sceller un coffre ; mais, soit que les parens eussent soustrait ce qu’il y avoit, soit que les sergens eussent quelque intelligence là-dessous, quand on vint à ouvrir le coffre pour faire l’inventaire de l’argenterie, meubles, chaisnes et joyaux qu’on croyoit estre là-dedans, on n’y trouva que des pierres. — C’est la façon de Ulespiègle12, dit


12. Le curieux livre qui a pour titre : Ulenspiegel, de sa vie, de ses œuvres, etc., étoit depuis près d’un siècle populaire en France, où le mot espiègle, qui nous en est resté, commençoit même à être déjà en cours. La première traduction faite sur l’original, écrit en bas allemand vers 1483, avoit paru à Paris en 1532, pet. in-4. Depuis, les éditions s’en étoient succédé à Lyon, à Paris, à Orléans, etc., et, pour connoître l’Espiègle, il n’étoit pas besoin d’être grand lecteur de romans.