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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/313

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toit un autre mescontent qui l’avoit forgé, à qui on avoit refusé quelque lippée à butiner. Ces gens-là n’ont pas d’esprit pour se conduire, et voudroient qu’on leur baillast le timon de l’estat à chevaucher. C’est une pure ambition de se voir un jour canonisez auprès de maistre Pierre du Coignet6 ; mais le chapitre Nostre-Dame est empesché avec le promoteur à la reformation des prestres qui chantent aux cabarets la desroute des huguenots et la mort du grand turc. Vous cognoissez bien à cette heure que c’est un fol à la mode qui est l’autheur du Caquet. Il dit au commencement de la litanie qu’il avoit esté malade ; il n’y a si busard de medecin qui ne cognoisse assez


6. C’est-à-dire de se voir moquer comme la statue de Pierre de Cugnières, surnommé du Coignet, laquelle on avoit placée en un petit coin (coignet) du chœur de l’église Notre-Dame, « en office de esteindre avec son nez… les chandelles, torches, cierges, bougies et flambeaux allumez. » (Rabelais, Nouv. prol. du 4e livre.) Il est ainsi parlé dans les Contes d’Eutrapel (1, De la justice, ad finem) de la cause qui valut à Pierre de Cugnières cette vengeance des gens d’église : « Tesmoing, dit Noël du Fail, la statue ignominieuse de maistre Pierre de Cugnières, estant en l’église Nostre-Dame de Paris, vulgairement appelé maistre Pierre du Coignet, à laquelle, par gaudisserie, on porte des chandelles. Le paillard, estant lors advocat general, soustint que le roy Philippe de Valois, son maistre, se devoit ressaisir du temporel ecclesiastic, pour estre le fondement d’iceluy mal executé, et seule cause de la dissolution des gens d’eglise et empeschement du vray service de Dieu. »