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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/36

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aises, quiconques ait la peine de le querir, quelque temps qu’il face ; et s’il pleut, ou gelle, ou grelle, et le mary soit dehors, l’une d’elles dira ainsi : Hellas ! mon compère, qui est dehors, a maintenant mal endurer ! Et l’autre repond qu’il n’y a force et qu’il est bien aise. Et s’il avient qu’il faille aucune chose qui leur plaise, l’une des commères dira à la dame : Vraiment, ma commère, je me merveille bien, si font toutes mes commères qui cy sont, dont vostre mary fait si petit compte de vous et de vostre enfant ! Or, regardez qu’il feroit si vous en aviez cinq ou six. Il appert bien qu’il ne vous ayme guères : si lui feistes-vous le plus grand honneur de le prendre qu’il avenist oncques à pièce de son lignage. — Par mon serment, fait l’autre des commères, si mon mary le me faisoit ainsi, je ameroye mieux qu’il n’eust œil en teste. — Ma commère, fait l’autre, ne lui accoustumez pas ainsi à vous lesser mettre sous les piez, car il vous en feroit autant ou pis, l’année à venir, à vos autres accouchemens, etc., etc....

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Or de sa part, le proudomme fait aprester à diner selon son estat, et y travaille bien, et y mettra plus de viande la moitié que au commencement propousé n’avoit, par les ataintes que sa femme lui a dites. Et tantoust viennent les commères, et le proudomme va au devant, qui les festoye et fait bonne chière, et est sans chapperon par la meson, tant est jolis, et semble un foul, combien qu’il ne l’est pas. Il maine les commères devers la dame en sa chambre et vient le premier devers elle, et lui dit : M’amie, voyez cy vos commères qui sont venues. — Ave Maria, fait-elle, je