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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/6

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§ I. — Caquets de l’Accouchée.

Au moyen âge, la naissance d’un enfant étoit entourée de soins et de cérémonies qui n’existent plus maintenant. Chez les grands et chez les riches, on se préparoit à cet événement solennel par des attentions touchantes qui se rattachoient aux croyances et aux superstitions de cette époque. La chambre de la gisante étoit tendue des étoffes et des tapisseries les plus belles ; une petite couchette, connue encore de nos jours sous le nom de lit de misère, étoit placée auprès du grand lit nuptial ; un bon feu brûloit incessamment dans la vaste cheminée ; des linges de toutes sortes, tirés des grands bahuts, séchoient à l’entour. Dans certaines provinces, on mettoit devant la cheminée une petite table couverte de linge très fin ; sur cette table, trois coupes, un pot de vin ou d’hippocras, trois pains de fleurs de farine et deux flambeaux qui restoient allumés durant la nuit. Ce repas frugal étoit destiné aux fées, qui, d’après les croyances, devoient venir répandre leurs dons sur le nouveau-né. On lit dans le roman de Guillaume au Courtné, qui remonte à la seconde moitié du XIIe siècle :

« Il y avoit alors en Provence, et dans plusieurs autres pays, une coutume qui consistoit à placer sur la table trois pains blancs, trois pots de vin, et trois hanaps ou verres à côté ; on posoit le nouveau-né au milieu, puis les matrones reconnoissoient le sexe de l’enfant, qui ensuite étoit baptisé.

« Le fils de Maillefer fut donc ainsi exposé, et les matrones, après l’avoir vu, s’éloignèrent.