Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/67

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tretenir11, et si faut que nos maris portent la soustane de damas pour nous honorer davantage, et non pas un saye, comme au temps passé, qui ne passe pas la braguette, pour les distinguer d’avec les conseillers.

— Madame, ce dit une autre, quelquefois cela ne dure pas ; le temps n’est pas tousjours propre à gaigner, les hommes ont de la peine.

— Hé ! Madame, ce dit-elle, quand ils ont trop de peine, il faut leur donner des aydes pour les soulager.

— Ha, ha, ha ! ce fit une jeune bourgeoise qui avoit espousé un vieillard de cinquante-six ans, qui estoit au milieu de la troupe, je me ris de vos plaintes, mes dames ; pour moy, je ne me puis plaindre, car ce dont j’ay le plus de besoin, c’est ce que j’aurois tout à l’instant si je le voulois : il y a assez de jeunes gens qui m’en font l’offre.

Alors l’accouchée s’azarde de parler tout doucement, et dit qu’autrefois elle avoit esté ainsi curieuse d’estre brave ; mais maintenant qu’elle avoit tant d’houërs et ayant cause, qu’elle faisoit servir ses vieilles besongnes12 à habiller ses enfans. Et


11. Expression qui répond à celle que nous avons reproduite dans une note précédente : plumer la poule, plumer l’oie du roi, etc. On disoit, pour un homme adroit et d’intrigue, un dénicheur de fauvettes. (Dict. de Furetière.)

12. Besogne ou besoigne se disoit alors pour hardes, effets. On en a un exemple dans ce passage d’une lettre de Mal-