Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/71

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tes sur toutes natures de deniers pour leur dernière main ; et s’ils n’ont point de rentes, ils acheptent des arrerages de la vefve et de l’orfelin à six escus pour cent, et se font payer de tout comme ayant droict par transport.

— Nostre-Dame ! et où prennent-ils cet argent-là ? On dit que c’est sur les deniers du domaine de la ville et autres fonds que nous ne sçavons pas ; il n’est que d’estre en charge pour le sçavoir. J’espère bien que, si mon mary peut gaigner les voix à force de briguer, qu’il viendra bien à bout de tout aussi bien que les autres.

— Et voyez-vous, Madame (ce dit l’ancienne), au temps passé, le prevost des marchands et eschevins avoyent plus d’esgard au proffit public qu’au particulier. Tout cest argent que l’on mange à present en banquets (car on y disne tous les jours), en estrennes, en superfluitez du feu de la Sainct-Jean18, en payement d’arrerages de rentes


18. Il doit être fait ici allusion aux fêtes encore récentes que la Ville avoit données à Louis XIII quand il étoit venu, en 1620, allumer lui-même sur la place de Grève le feu de la Saint-Jean. Entre autres supefluitez de ce bûcher annuel, il ne faut pas oublier les chats qu’on y brûloit dans un sac ou dans un muid, singulier auto-da-fé dont il est parlé dans le libelle infâme, le Martyre de frère Jacques Clément, etc. Paris, 1589, p. 34, 35. Sauval, qui en fait mention dans ses Antiquités de Paris, t. 3, p. 631, cite ce passage des registres de la ville au XVIe siècle, tant de fois rappelé depuis : « Payé à Lucas Pommereux, l’un des commissaires