Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/76

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faintise : s’il y a eu du desordre, nous sçavons bien en nostre particulier d’où il procède. Comment seroit-il possible d’entretenir les garçons de ce temps si on ne desroboit ? Il n’y a fils ne petit-fils de procureur, notaire ou advocat, qui ne vueille faire comparaison en toutes choses avec les enfans des conseillers, maistres des comptes, maistres des requestes, presidens et autres grands officiers. L’on ne les peut distinguer ny en habit, ni en despence superfluë. Ils hantent les banquets à deux pistoles25 pour teste ; ils empruntent argent26, joüent aux dets, au picquet, à la paulme, à la boule, vont à la chasse, et font le mesme



25. C’étoit le prix qu’on payoit un repas chez la Boessellière, dont le cabaret étoit le plus fameux de ce temps-là. « Etes-vous obligé de suivre le cours, sortez-vous du Louvre à l’heure du disné, le premier cabaret de France est celui de la Boessellière ; mais, sur ma parole, ne vous donnez pas la peine d’y transporter vostre humanité, quoyque vous soyez le mieux avisé du monde, si vous ne sentez que vostre gousset soit prest d’accoucher d’une pistole au moins, etc. » Les Visions admirables du Pèlerin de Parnasse, etc., Paris, 1635, in-12, p. 208.

26. Les emprunts à gros intérêts étoient déjà depuis longtemps le fléau des enfants prodigues :

Mignons de bien dissipateurs
Emprunteront à millions,
Puis payeront leurs créditeurs
De respitz et de cessions.

(La grande et merveilleuse prognostication nouvelle
1583, in-12.)