Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/77

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exercice des grands. Ils empruntent à usure de Traversier, de Dobillon et de l’Italien Jacomeny27, qui sont les receleurs de la jeunesse. Et puis qu’en advient-il enfin ? Ils sont contraints de faire l’amour à la vieille, ou d’anjoler la fille d’une bonne maison, leur faire un enfant par advance, à fin d’estre condamnez à l’espouser.

Une vieille qui estoit à la trouppe respond : Amen. Ce que vous trouvez mauvais, je le trouve bon : quand les vieilles peuvent trouver quelque jeune gars pour leur argent (pourveu qu’il soit bien morigené), c’est un bon heur ; il y a de plaisir pour l’un et pour l’autre : l’un prend la courtoisie, et l’autre la commodité ; cela faict subsister la jeunesse selon son ambition, et faict vivre la vieillesse plus long-temps. Et que servent les biens que pour cela ?

— Ô Madame ! ce que vous dictes est le suject d’un grand peché : car, sous ombre d’une nuict ou deux que vous en prendrez contentement, il en


27. Les livrets satiriques du temps sont remplis de plaintes contre ces usuriers, la plupart Italiens, qui ruinoient la jeunesse et étoient une des causes qui empêchoient Bon-Temps de revenir :

Et quand verrez tous ces marchands
Ne vendre plus rien à usure,
Que Bon Temps viendra sur les rangs.
S’il n’a grant faute de monture,
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  
Quand les Lombards ne seront plus