Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/79

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Et puis, quand ils sont receus, cahin, caha, ils ne sçavent par quel bout commencer la justice ; et par ainsi les cours souveraines sont remplies de beaux fils et bien peignez, logez à l’enseigne de l’Asne.

L’accouchée avoit la teste rompuë de ces discours et commence à dire : Mesdames, vous me faictes apprehender le temps advenir ; je n’ay que vingt-quatre ans et demy, et sept enfans : si je faits ma portée selon nature, et que toutes choses augmentent comme ils font, j’envieilliray de soin, et non d’aage.

— Hé ! ma fille, ne songez point à cela ; j’y songe assez pour vous. Prenez courage : le grand desordre qui est à present engendrera un bon ordre ; l’on fera des edicts qui regleront toutes choses ; l’on cognoistra le marchand d’avec le noble, l’homme de justice avec le mechanique, le fils de procureur avec le fils de conseiller, et puis vostre mary mettra bon ordre à pourvoir ses enfans selon ses moyens, et si vous avez encores à heriter de moy pour plus de deux mil cinq cents livres pour une fois payer ; est-ce pas un beau denier à Dieu ? De quoi vous mettez-vous en peine ?

— Ma mère, vous estes du bon temps ; vous avez accoustumé de ne manger du roty qu’une fois la sepmaine, encore n’est-ce qu’un aloyau ; mais nous ne sommes pas accoustumez à cela, et