Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/82

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moy ne croirons que ce que nous voudrons ; au moins nous serons dispensez de telle taille. Aussi bien dit-on que les excommunications que font nos ministres contre ceux qui se retournent n’ont non plus de force et de vigueur que le soleil de janvier.

— Hé ! Madame, quand vous ne croyez à rien qu’à vostre fantaisie, vous n’estes pas cheute de haut : car tous ceux de vostre religion ont pris à ferme à vil pris l’ateysme ; et qui est cause qu’il n’y a ny enchère ni tiercement33, c’est qu’il n’y a rien à gaigner, ny en ce monde, ny en l’autre : et cela vous demeurera, et si en jouyrez long-temps, si par la loy du droict canon on ne vous force à mieux faire.

— Madamoyselle, ceste Religion est si douce à supporter, que tous ceux qui y entrent, ils en sortent difficilement. Et pour mon regard, lorsque j’en sortiray ce sera à mon grand regret, car, que je face ce que je voudray, je ne suis point obligée de le confesser ; que mes père, mère et parens meurent, je me resjouys au lieu de pleurer, car je croy qu’ils sont sauvez ; que le caresme et jeusnes viennent, je suis dispensée pour manger de la chair ; que nous mourions subitement, nous n’avons point peur du purgatoire ; et bref, que les anges, les saincts et sainctes ayent du pouvoir


33. On appeloit ainsi l’enchère faite, sur une terre ou ferme adjugée en justice, du tiers du prix au delà de celui de l’adjudication. Il y a un règlement de 1682 sur les doublements et tiercements.