Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/83

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par leurs prières envers Dieu, nous supprimons tout cela et vivons en liberté d’esprit ; que si ceste taille estoit aussi bien supprimée, nous nous mocquerions de tout le monde.

— Vrayment, c’est une mauvaise police, de permettre qu’il y ait en France des subjects qui contribuent pour faire la guerre contre leur roy legitime ! Je vous prie, Madame, cachez vostre vice, et parlons d’autres choses. Avez-vous beaucoup d’enfans ? — Elle respond : J’avois trois garçons et deux filles ; mais le mal’heur m’en a voulu qu’un de mes garçons, qui estoit à la suitte de monsieur de Soubise34, a esté pris prisonnier, et mené aux gallères avec les autres ; un autre fut


34. Pendant l’hiver de 1622, M. de Soubise s’étoit jeté dans le Bas-Poitou et l’avoit occupé, ainsi que les îles de Rié, du Périer, de Mons, etc. Il avoit pris Olonne, et il menaçoit Nantes, quand les troupes royales, que commandoit La Rochefoucauld, franchissant de nuit le bras de mer peu profond qui sépare l’île de Rié de la terre ferme, se jetèrent sur lui à l’improviste et dispersèrent son armée presque sans coup férir. Soubise, vaincu, s’enfuit en laissant à l’armée du roi son armée et ses équipages (V. Mémoires de Rohan, coll. Petitot, 2e série, t. 18, p. 269, et Mémoires de Richelieu, ibid., t. 22, p. 206–209). Cette défaite, dont le fils de l’entêtée calviniste mise ici en scène fut une des victimes, se trouve amplement racontée dans un livret, devenu rare, paru presque aussitôt après : Surprise du sieur de Soubize dans les sables d’Aulonne, investi, tant par terre que par mer… par M. le comte de La Rochefoucauld, marquis de La Valette et baron de S.-Luc. Paris, P. Ramier, 1622, in-8.