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Page:Les Eddas, trad. Puget, 2e édition.djvu/107

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père ; ce géant avait de grandes richesses. À sa mort, ses fils partagèrent la succession en mesurant l’or de la manière suivante : chacun d’eux en eut autant qu’il en pouvait tenir dans sa bouche. Les fils d’Œlvalde se nommaient Thjasse, Ide et Gang.

57. Æger demanda : Quelle est l’origine de l’art poétique ? — Brage répondit : La voici. Les dieux faisaient la guerre à un peuple appelé les Vanes ; ils convinrent d’une entrevue pour la paix, qui fut conclue de la manière suivante : Les parties se rendirent près d’un cuvier ; elles crachèrent dans ce cuvier, et, au moment de se séparer, les Ases, ne voulant point laisser détruire ce signe de paix, en firent un homme appelée Qvaser. Il est tellement instruit qu’il a réponse à tout. Qvaser voyagea au loin dans tous les pays pour instruire les hommes. Il revint un jour pour assister à un festin chez les nains Fjalar et Galar. Ceux-ci lui demandèrent un entretien particulier, le tuèrent, laissèrent couler son sang dans deux cuviers et dans une marmite appelée Odrærer ; les cuviers se nommaient Son et Bodn. Fjalar et Galar mêlèrent du miel avec le sang de Qvaser, ce qui produisit un hydromel si parfait, que quiconque en boit devient poëte et fort savant. Ils dirent aux Ases que Qvaser s’était noyé dans la science, personne n’étant assez habile pour l’épuiser par des questions.

Fjalar et Galar invitèrent chez eux un géant nommé Gilling, et sa femme ; lorsque Gilling fut arrivé, les